PortraitLaurent Schwartz est né le 5 mars 1915 à Paris d'une famille très portée sur les sciences (un père chirurgien, une mère entomologiste, un grand-oncle - Jacques Hadamard - mathématicien) et la politique (il a pour oncle Robert Debré, pédiatre, père de Michel Debré, fondateur de l'Unicef). Il excelle très vite à l'école en mathématiques, grec et latin. Son professeur de cinquième dira à ses parents : « Méfiez vous, on dira que votre fils est doué pour les langues alors qu'il ne s'intéresse qu'à l'aspect scientifique et mathématique des langues : il faut qu'il devienne mathématicien ». Cependant, s'il est bon dans cette discipline, il ne l'aime vraiment qu'à partir de la terminale, grâce à la géométrie.
Poussé également par son grand-oncle, il prépare le concours d'entrée à l'ENS au lycée Louis-Le-Grand. C'est là qu'il rencontre Marie-Hélène Lévy, la fille du probabiliste Paul Lévy. Après avoir tous deux réussi le concours d'entrée, ils prévoient de se marier en décembre 1935. Cependant, Marie-Hélène tombe malade en octobre et doit se soigner en Haute-Savoie, où elle restera dix-huit mois. C'est également à l'ENS qu'il s'épanouit en politique. Critiquant la passivité de Léon Blum face aux bouleversements en Allemagne, Italie, Espagne et Russie, il devient trotskiste. Il réalise cependant plus tard que Trotski n'a plus sens de la réalité, et devient indépendant.
Il est reçu second à l'agrégation en 1937. Sa réussité à l'ENS lui permet de faire son service militaire (jusqu'en 1939) en tant qu'officier ; il s'est entretemps marié avec Marie-Hélène en mai 1938. Il sera ensuite encore mobilisé jusqu'en 1940, date à laquelle il rejoint ses parents à Toulouse. Il y devient membre de la caisse nationale des sciences, l'ancêtre du CNRS. C'est alors qu'Henri Cartan débarque à Toulouse pour faire passer des oraux d'entrée à l'ENS. Il pousse Schwartz à déménager à Clermont-Ferrand, où l'université de Strasbourg a été délocalisée à cause de la guerre. C'est dans cette ville qu'il rencontre André Weil et Bourbaki. Toutefois, la guerre fait rage. Trotskiste, d'origine juive, il est menacé et finit par se cacher sous une fausse identité. Tout cela ne l'empêche pas de terminer son doctorat, ni de présenter peu avant la fin de la guerre son oeuvre maîtresse : les distributions. Cette invention simplifie l'étude des équations aux dérivées partielles et des transformées de Fourier ; le manuscrit où il présente ses idées est salué comme un des meilleurs exemples de présentation mathématique. Il racontera plus tard que la nuit où il a trouvé les principaux théorèmes est l'une des deux plus belles de sa vie, avec celle où il a capturé 450 papillons. Il sera pour ce travail le premier Français à recevoir la médaille Fields en 1950.
Il part enseigner en 1944 à Grenoble, puis Nancy (1945 - 1952). Il y rayonne aussi bien comme chercheur que comme enseignant (ses cours sont très populaires). En 1952, il est muté à la Sorbonne puis en 1958 à l'Ecole Polytechnique (jusqu'en 1980). Toujours fortement politique, il ralentit ses recherches pendant la guerre d'Algérie pour se consacrer à ses idées ; il fonde notamment le collectif Maurice Audin, du nom d'un doctorant en mathématiques mort lors d'un interrogatoire policier.
Il décède le 4 juillet 2002 à Paris, salué comme l'un des piliers des mathématiques françaises du XXème siècle.

Attention à ne pas confondre avec Hermann Schwarz !

Source :
Les-Mathematiques.net