Selon certains philosophes, la conscience du temps est ce qui distingue l'Homme de l'animal. En effet, nous inventons depuis longtemps des moyens de mesurer le temps et de le subdiviser. Pour nous repérer, nous avons besoin d'heures et de dates. Mais la succession des dates, appelée calendrier, dépend des endroits où nous nous trouvons et de l'époque où nous vivons : le nombre de calendriers différents est extraordinairement grand. Voici une présentation de quelques-uns d'entre eux.

Sommaire :
Aux débuts des calendriers
Un essai à Rome
Calendrier égyptien
Le choix : lunaire ou solaire
Les calendriers romains : le calendrier de Romulus
Les calendriers romains : le calendrier de Numa
Les calendriers romains : le calendrier républicain
Le calendrier julien
Le calendrier grégorien
Le calendrier musulman
Le calendrier révolutionnaire
Les calendriers perpétuels
encadré 1 : les fuseaux horaires
encadré 2 : les dix jours impossibles
encadré 3 : heure légale

Aux débuts des calendriers
Le terme calendrier vient du latin « calendae », dérivé du verbe « calare » (appeler). A Rome, les calendes désignaient ainsi le début d'une nouvelle lune, marquant un nouveau mois. En effet, les premiers calendriers furent construits à partir de phénomènes astronomiques (les rotations de corps autour de leurs orbites sont particulièrement régulières) ou de phénomènes naturels.
L'unité fondamentale de mesure du temps était d'abord l'alternance jour/nuit, définie par le Soleil. Mais cette pratique présente l'inconvénient de dépendre de la situation géographique (voir encadré 1). De plus, nous avons besoin d'une unité plus petite, de repères subdivisant la journée, sans quoi on ne peut donner de rendez-vous précis : il a alors fallu inventer les heures. L'unité fondamentale étant le jour, l'heure fut d'abord définie comme un douzième de jour ou un douzième de nuit : ainsi, on pouvait facilement calculer l'heure à partir d'un cadran solaire. Mais là aussi, il y a un gros inconvénient : la durée de l'heure n'était pas constante selon les jours !

Un essai à Rome
Comme on l'a vu, les Romains se basaient pour leur calendrier sur les phases lunaires : chaque phase lunaire déterminait un nouveau mois. Ainsi, la durée d'un mois était presque parfaitement constante (la Lune est très régulière). Ce calendrier présentait toutefois un inconvénient : la durée de révolution de la Terre autour du Soleil ne correspondait pas à un nombre entier de mois, du coup les mois se décalaient au fur et à mesure des années, et ne correspondaient de fait pas aux saisons.

Calendrier égyptien
Pour répondre à cela, essentiellement pour les besoins de l'agriculture, il semble beaucoup plus naturel de se baser sur une année et de la subdiviser, en choisissant pour l'année la durée de rotation de la Terre autour du Soleil. Il semble que les Egyptiens aient été les premiers à fonctionner ainsi. Mais du coup, contrairement au calendrier romain, les mois n'ont plus de signification astronomique réelle.

Le choix : lunaire ou solaire
On voit ainsi qu'il est difficile de concilier les deux visions. Certains ont essayé (par exemple, les Romains ajoutaient un treizième mois tous les 3 ans) mais toutes les solutions trouvées étaient encore très approximatives. En conséquence, aujourd'hui, les calendriers ne se basent que sur le Soleil (on parle de calendrier solaire) ou que sur la Lune (calendrier lunaire).

Les calendriers romains : le calendrier de Romulus
Le calendrier romain a été modifié plusieurs fois et existe en trois versions. La première, le calendrier de Romulus, comptait 10 mois pour 304 jours et commençait à l'équinoxe de printemps :

Martius, nommé en référence à Mars : 31 jours
Aprilis, dédié à Aphrodite : 30 jours
Maius, en l'honneur des « maiores » (sénateurs) : 31 jours
Iunius, pour la déesse Junon : 30 jours
Quintilis : 31 jours
Sextilis : 30 jours
September : 30 jours
October : 31 jours
November : 30 jours
December : 30 jours

On voit donc que la différence entre cette année et la période de révolution de la Terre autour du Soleil est d'une soixantaine de jours, et les mois de ce calendrier ne correspondaient pas aux saisons !

Les calendriers romains : le calendrier de Numa
Pour arranger ce défaut, le roi Numa Pompilius (qui succéda à Romulus en -715) ajouta 2 mois au calendrier et réduit les mois de 30 jours à 29 : cela fit 354 jours. Pour se régler sur la Lune, il rajouta un mois supplémentaire de 29 jours tous les 4 ans. Ce mois était inséré en douzième place, et donnait aux années concernées le nom d'années bissextiles (12 = 2 fois 6) :

Martius : 31 jours
Aprilis : 29 jours
Maius : 31 jours
Iunius : 29 jours
Quintilis : 31 jours
Sextilis : 29 jours
September : 29 jours
October : 31 jours
November : 29 jours
December : 29 jours
Februarius, nommé d'après le dieu Febro : 28 jours (29 tous les 4 ans)
       Mens intercalaris : 29 jours tous les 4 ans
Ianuarius, en l'honneur de Janus : 28 jours

Par la suite, les Romains n'aimant pas les nombres pairs, on rajouta un jour à Ianuarius pour avoir 355 jours.

Les calendriers romains : le calendrier républicain
Vers 450 avant J.C., les mois de janvier et février furent inversés (peut-être pour plaire au dieu Janus) et le mois intercalaire fut nommé Mercedonius, placé en fin d'année et instauré tous les deux ans. Les durées de ces trois mois furent aussi réajustées : l'année comptait 355 jours tous les 2 ans et 377 ou 378 les autres années.

Martius : 31 jours
Aprilis : 29 jours
Maius : 31 jours
Iunius : 29 jours
Quintilis : 31 jours
Sextilis : 29 jours
September : 29 jours
October : 31 jours
November : 29 jours
December : 29 jours
Ianuarius : 29 jours
Februarius : 28 jours (23 ou 24 quand il y avait Mercedonius)
       Mercedonius : 27 jours tous les 2 ans

Le calendrier julien
Le calendrier romain étant très complexe, il fut remplacé en 45 avant J.C. par le calendrier julien (du nom de Jules César qui l'instaura) conçu par l'astronome Sosigène d'Alexandrie. L'année de 365 jours fut divisée en 12 mois de longueur presque égale, en ajoutant un jour tous les 4 ans. De plus, le premier mois fut désormais Ianuarius.
Notons que les pontifes responsables de l'application du calendrier avaient d'abord mal compris la règle et ajoutaient un jour tous les trois ans, ce qui introduisit un décalage. Ce décalage fut corrigé par l'empereur Auguste en supprimant quelques années bissextiles.

Ianuarius : 31 jours
Februarius : 29 jours (ou 30)
Martius : 31 jours
Aprilis : 30 jours
Maius : 31 jours
Iunius : 30 jours
Quintilis : 31 jours
Sextilis : 30 jours
September : 31 jours
October : 30 jours
November : 31 jours
December : 30 jours

Comme Jules César et Auguste avaient largement contribué à ce calendrier, on décidé d'y insérer leurs noms : Quintilis fut rebaptisé Julius en 38 avant J.C. et Sextilis fut nommé Augustus en 8 avant J.C.. De plus, le Sénat estimant que les deux empereurs méritaient autant de jours, on décala tous les mois à partir d'Augustus ainsi que Februarius.

Ianuarius : 31 jours
Februarius : 28 jours (ou 29)
Martius : 31 jours
Aprilis : 30 jours
Maius : 31 jours
Iunius : 30 jours
Julius : 31 jours
Augustus : 31 jours
September : 30 jours
October : 31 jours
November : 30 jours
December : 31 jours

Le calendrier grégorien
Sa structure est exactement identique au calendrier julien, sauf que les mois ont perdu leur nom latin. La principale modification concerne les années bissextiles : la durée moyenne d'une année julienne est de 365,25 jours. Or la durée réelle d'une année solaire est de 365,2422 jours. Cette légère différence provoque un décalage de 8 jours par millénaire. Du coup, la date de Pâques glissait progressivement, ce qui déplût au pape Grégoire XIII. Il prit alors deux mesures en 1582 :
   - Pour annuler le décalage déjà créé, il supprima dix jours (voir encadré 2)
   - Pour éviter un nouveau décalage, il décida que les années multiples de 100 mais pas de 400 ne seraient pas bissextiles. Ainsi, 1700, 1800 et 1900 ne sont pas bissextiles mais 1600 et 2000 le sont. Ceci ramène la durée moyenne d'une année à 365,2425 jours, soit trois jours de trop en 10 millénaires. Du coup, les années multiples de 4000 sont bissextiles.
Cela créa une époque de confusion car de nombreux pays, notamment les protestants, n'appliquèrent pas la règle tout de suite. De fait, pendant plusieurs siècles, le calendrier julien et le grégorien coexistèrent. Aujourd'hui, le calendrier grégorien est la base dans les pays occidentaux et leurs anciennes colonies.

Le calendrier musulman
Les calendriers romains, julien et grégorien sont des calendriers solaires. Or il existe des calendriers lunaires, et leur usage est loin d'être restreint puisque le calendrier musulman en fait partie. Il commence le jour de l'Hégire, nommé 1er Mouharram de l'an 1 (soit le 15 ou 16 juillet 622 en grégorien). Une année contient 12 mois synchronisés sur les phases lunaires : Mouharram, Safar, Rabia al Awal, Rabia at Tani, Djoumada al Oula, Djoumada at Tania, Rajab, Chaaban, Ramadan, Chawwal, Dou al Qada, Dhou al Hidjia. Chaque mois contient alternativement 29 ou 30 jours, soit une année de 354 jours.
Du fait de la différence de durée, le calendrier musulman et le grégorien sont décalés de 11 jours supplémentaires par année grégorienne.

Le calendrier révolutionnaire
Il fut instauré lors de la Révolution française afin de se détacher du calendrier grégorien d'influence religieuse. Il comptait 12 mois de 30 jours (égalité...). Pour se réajuster sur l'année solaire, on ajoutait 5 jours (6 tous les 4 ans) à la fin de l'année. Les jours étaient divisés non plus en heures, mais en dix unités, chacune pouvant être divisée en 10, etc... Sous l'inspiration du poète Fabre d'Eglantine, Les mois furent nommés selon les différents aspects du climat français et chaque jour reçut également un nom, généralement une plante, un arbre ou un animal (consultez la liste ici)
La date de départ (1 Vendémiaire an I) correspondait au 22 septembre 1792 et le calendrier fut utilisé à partir du 4 Frimaire an II (24 novembre 1793). Cependant, le 22 Fructidor an XIII (9 septembre 1805), Napoléon abrogea le calendrier révolutionnaire et le grégorien reprit le 1 janvier 1806. Le révolutionnaire fut réutilisé seulement pendant la Commune en 1871 (année révolutionnaire LXXIX).

Les calendriers perpétuels
Ces calendriers permettent, à partir d'une date jour-mois-année, de déterminer le jour de la semaine correspondant, ce qui peut servir les historiens. Il existe plusieurs méthodes, en voici une.

Les fuseaux horaires
En décrivant le temps par rapport aux alternances jour/nuit, on dépend de la situation géographique : sans cela, le Soleil serait au zénith à midi à un certain endroit, et à minuit à un autre. Il a donc fallu instaurer des fuseaux horaires : la Terre est découpée en 24 zones selon la longitude, et chaque zone est décalée d'une heure par rapport à ses voisines. Le découpage a varié selon les époques, on ne présentera ici que le système actuel.
Le système de fuseaux horaires est basé sur un Temps Universel (UTC ou GMT) utilisé sur le méridien de Greenwich (Angleterre) : c'est le méridien servant également d'origine pour le repérage géographique en terme de longitude. Le décalage se fait selon cette règle :
   - A l'ouest de Greenwich, on enlève des heures (par exemple la Portugal est à GMT - 1)
   - A l'est de Greenwich, on ajoute des heures (par exemple, l'Allemagne est à GMT + 1)
   - Le méridien de longitude 180° correspond à un changement de date.
Cependant, ce système d'apparence simple est complexifié par plusieurs choses :
   - Certains pays à cheval sur plusieurs fuseaux n'en choisissent qu'un (l'Inde par exemple) tandis que d'autres (ex : Etats-Unis) ont plusieurs heures différentes.
   - Certains pays ont une heure officielle différente du fuseau où ils sont (par exemple, la France est à GMT + 1 comme l'Allemagne depuis 1940, alors qu'elle devrait être à GMT)
   - Certains pays ont défini des « demis-fuseaux », comme l'Afghanistan à GMT + 4h30
   - Certains pays utilisent l'heure d'été et l'heure d'hiver (voir encadré 3)
De fait, le nombre réel de fuseaux horaires utilisés est de 41 au lieu de 24.
Les dix jours impossibles
Lorsque Grégoire XIII imposa son calendrier, le calendrier julien était déjà en avance de dix jours qu'il fallait supprimer. C'est pourquoi, dans les pays qui appliquèrent la réforme, les habitants se couchèrent le jeudi 4 octobre 1582 et se levèrent le vendredi 15 octobre.
Heure légale
L'idée est due à Benjamin Franklin : en avril 1874, il écrit dans un article qu'un décalage d'une heure en été permettrait d'éviter le gaspillage de l'énergie. L'idée, oubliée, fut reprise en 1907 par l'anglais William Willet. De nombreux pays européens, l'Angleterre en tête, appliquèrent cette règle. En 1947 et 1949, l'Allemagne alla même jusqu'à un décalage de 2 heures. Toutefois, le décalage fut peu à peu abandonné.
Il fut plus tard réhabilité suite au choc pétrolier de 1973, notamment en France. Depuis 1998, tous les pays de l'union européenne appliquent le changement d'heure et les dates de changement sont communes :
   - le passage à l'heure d'été se fait le dernier dimanche de mars : à 1h GMT, on passe à 2h.
   - le retour à l'heure d'hiver se fait le dernier dimanche d'octobre : à 1h GMT, on passe à minuit.

Sources :
Wikipédia
Premier manuel des castors juniors, Edi-Monde, 1977